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Saint-Loup-sur-Semouse : redynamisation et résilience grâce au projet "Venez toucher du bois !“

La petite commune de Saint-Loup-sur-Semouse, située dans le nord de la Haute-Saône, fait preuve d'une résilience exemplaire face au déclin industriel qui la frappe depuis les années 1990. Grâce à des initiatives innovantes centrées sur la filière bois, la commune a su redonner espoir à ses habitants et revitaliser son territoire. Des efforts remarquables qui lui valent d'être récompensée par un Coq d'Or


Saint-Loup-sur-Semouse, avec ses 3 000 habitants, connaît depuis les années 1990 un déclin des industries locales, en particulier dans les secteurs du textile et du meuble. Déclin qui a entraîné une baisse importante de la population, ainsi qu'une paupérisation croissante, avec un taux de chômage atteignant 23 % et un taux de pauvreté de 30 %. Face à cette situation préoccupante, le maire Thierry Bordot et son équipe municipale ont décidé de prendre les choses en main en lançant une série d'initiatives audacieuses visant à redynamiser le territoire en s'appuyant sur ses ressources historiques, à commencer par le bois.


Au cœur de ce renouveau, le projet "Venez toucher du bois ! » a vu le jour. Lancé en 2023, ce projet repose sur un consortium d'acteurs locaux regroupant des associations, des entreprises, et des institutions de formation, avec pour objectif commun de créer un parcours d'expérience pour les personnes éloignées de l'emploi. L'idée est de leur offrir une formation aux métiers du bois tout en leur apportant un suivi socio-psychologique personnalisé, afin de sécuriser leur parcours vers l'insertion professionnelle.


Bien plus qu'un simple programme de formation, le projet "Venez toucher du bois ! » est devenu une véritable marque de territoire, déposée par la commune, visant à structurer et dynamiser la filière bois locale. Cette initiative regroupe divers acteurs, dont l'association Epi’Cerise, France Travail, la Mission locale, l’association pour la formation professionnelle des adultes et l'école de production Avenir Bois Formation. Ensemble, ils ont mis en place un plateau technique mutualisé permettant aux stagiaires d'acquérir des compétences pratiques en travaillant directement sur le bois. À l'issue de cette formation, les participants sont orientés vers des entreprises partenaires pour des périodes de mise en situation professionnelle.


Les résultats de ce projet sont déjà probants : trois quarts des participants au programme de pré-insertion Lobo'Tech, qui recycle des palettes en bois, ont trouvé un emploi ou une formation qualifiante. Cette initiative, qui mêle renouveau de la filière bois et réponse aux difficultés sociales du territoire, a permis de redonner espoir à une population souvent désillusionnée. En réhabilitant d'anciennes friches industrielles pour y installer des activités économiques et de formation, la commune a su transformer des symboles du déclin en moteurs de développement.


Le projet “Venez toucher du bois !” ne se limite pas aux personnes en difficulté. Il est également ouvert à tous ceux qui souhaitent découvrir les métiers du bois, que ce soit dans une optique de reconversion professionnelle ou simplement par envie de travailler la matière. Ce parcours d'expérience permet ainsi de valoriser un savoir-faire local tout en répondant à des besoins concrets en matière d'emploi et de formation.


Parmi les autres initiatives marquantes de la commune, on peut citer l'installation d'une école de production dans une ancienne filature, où des jeunes décrocheurs sont formés aux métiers du bois sur machine numériques. Ce projet s'inscrit dans une volonté plus large de faire de Saint-Loup-sur-Semouse un véritable laboratoire de développement de la filière bois, dans tous ses aspects : recherche et développement, construction, isolation, production d'objets, commercialisation et même énergie.


Grâce à ces initiatives, Saint-Loup-sur-Semouse aspire à devenir un modèle de résilience et de développement local en milieu rural. La commune démontre en effet qu'il est possible de transformer les défis en opportunités, en s'appuyant sur les ressources locales et en fédérant les acteurs du territoire autour de projets porteurs de sens.


Le jury des Coqs d'Or ne s'y est pas trompé en décernant un Coq d'Or à la commune de Saint-Loup-sur-Semouse. Cette distinction vient saluer les efforts exceptionnels déployés par la municipalité pour redynamiser son territoire et offrir de nouvelles perspectives à ses habitants. Elle récompense une stratégie visionnaire qui place l'humain au centre de la démarche, tout en valorisant un patrimoine local riche et diversifié.


Avec ce Coq d'Or, Saint-Loup-sur-Semouse réaffirme sa capacité à innover et à s'adapter aux défis contemporains. Ce succès est le fruit d'un engagement collectif, d'une volonté politique forte, et d'une approche inclusive et durable du développement territorial. La commune offre un exemple inspirant pour d'autres collectivités confrontées à des défis similaires, en France et au-delà.



3 Questions à Monsieur Thierry Bordot,  Maire de Saint-Loup-sur-Semouse

Quelles ont été les principales motivations présidant à la création du projet "Venez toucher du bois ! » et comment avez-vous réussi à mobiliser les acteurs locaux autour de cette initiative ?

C’est dans la continuité de notre première initiative engagée à la sortie de la crise Covid pour faire face aux difficultés sociales ou nous avons lancé le concept d’ « Ecole de l’entreprise » (accompagner l’envie de faire). Face à ses premières réussites, le besoin est né de structurer le partenariat local identifiant une marque de territoire « Venez toucher du bois ! », une invitation à venir tenter sa chance dans notre commune.


La mobilisation des partenaires s’est faite spontanément par la démonstration par l’exemple de l’efficacité de structurer une initiative d’insertion professionnelle qui adapte le travail à la capacité de travail des personnes dès les premières heures. Une adaptation et un suivi global des bénéficiaires au besoin en main d’oeuvre des entreprises. Celles-ci ont tout de suite perçu l’intérêt de la démarche. Un consortium est né. 

Quels obstacles avez-vous rencontrés dans la mise en œuvre de ce projet, notamment en ce qui concerne la réhabilitation des friches industrielles, et comment les avez-vous surmontés ? 

La réhabilitation des friches industrielles c’est d’abord une volonté à long terme de se réapproprier le foncier et l’immobilier laissé vacant dans la période de transition économique que nous avons connu. Ce que la commune a réussit à moindre coût dans presque sa totalité au cours des dix dernières années.

Nous avons adopté une méthode d’urbanisme de transition, plutôt que de réhabilité l’ensemble des plusieurs dizaines d’hectares de friches, nous le faisons au fur et à mesure du développement de nos projets. Les partenaires financiers souvent gourmand de projets globaux et ambitieux perçoivent malgré tout l’intérêt de mobiliser les financements en fonction des besoins concrets, c’est une démarche durable gagnant/gagnant.


Quelles sont les prochaines étapes pour le développement de la filière bois à Saint-Loup-sur-Semouse, et comment envisagez-vous de pérenniser les succès obtenus jusqu'à présent ?

Nous devons aujourd’hui consolider l’accompagnement des personnes bénéficiaires et repérer davantage les personnes dites 

« invisibles ». Une nouvelle structure socio-culturelle est en cours de création pour stimuler les savoir-faire et faire naître des ambitions. Elle est complémentaire à l’insertion professionnelle en valorisant les capacités individuelles de créativité.

L’exploration des « niches » de développement de la filière bois local est à l’étude.


Le consortium public/privé à besoin également de trouver une assise juridique mieux identifiée tout en gardant sa souplesse. Une forme coopérative est à l’étude et devrait voir le jour dans les prochains mois.


Le portage immobilier est également une difficulté pour les communes les moins riches, et permet de garantir un cycle vertueux de développement local. La création d’une foncière coopérative est en réflexion avec nos partenaires.

Et enfin une marque de territoire à besoin d’avoir sa stratégie marketing, ce que nous élaborons actuellement.






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