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Interview de Olivier de Brabois

Rédacteur en chef du Journal des Départements

Olivier de Brabois, Rédacteur en chef du Journal des Départements

Pourquoi avoir créé le Journal des Départements ?


Il ne s’agit pas d’une réflexion mûrement réfléchie et s’appuyant sur une étude de marché mais d’une rencontre.


Entre deux hommes aux parcours et à l’âge différents.


J’ai connu Jean-Philippe Delbonnel, jeune entrepreneur dynamique et déjà propriétaire de plusieurs titres à destination des collectivités, un peu par hasard.



Et nous avons esquissé ensemble des pistes de coopération.


Nous étions conscients qu’il fallait regrouper nos forces, son dynamisme et mon expérience, pour un projet commun.


Après quelques tâtonnements, l’idée d’un journal destiné aux Départements s’est imposée.


Il s’agissait d’un créneau que je connaissais particulièrement bien et qui ne possédait pas de média dédié.

Alors nous nous sommes lancés.

Quelques amis nous ont rejoints dès notre numéro zéro et ont accepté de participer en écrivant chroniques ou articles sur leur spécialité.


Gérard Larcher nous a accordé une interview passionnante pour ce même numéro.


Envoyé aux Conseils départementaux, il a reçu un accueil enthousiaste qui nous a surpris, car il y avait beaucoup à améliorer et nous le savions, mais nous avons compris, alors, qu’il répondait vraiment à un besoin.


Olivier de Brabois, pouvez-vous vous présenter ?


Bien qu’ayant commencé à travailler dans le privé, notamment en vendant des tableaux aux États-Unis, je demeure un pur produit de la fonction publique territoriale ayant ravaillé dans les différents niveaux de collectivités (agglomérations, Région, Départements).


J’ai été Directeur Général des Services dans plusieurs Départements durant plus de quinze ans dont le dernier était le Loir-et-Cher.


Par la suite, j’ai travaillé, en indépendant pour la ville d’Argenteuil et pour le Département d’Eure-et-Loir pour créer le Printemps Proustien, très importante manifestation montée avec l’académie Goncourt à l’occasion du centième anniversaire de la remise du prix Goncourt à Marcel Proust.


Expérience exceptionnelle : rencontres passionnantes avec des acteurs, auteurs et interprètes.


A cette occasion nous avons distribué un livre à l’ensemble des collégiens d’Eure-et-Loir « Du côté de Marcel Proust ».


Cette démarche a rencontré un très grand succès et la maison d’édition First, m’a proposé de lancer un livre dans la fameuse collection « Les nuls » sur les Départements.


J’ai donc été directeur d’édition de cet ouvrage (Les départements pour les nuls ».


Bernard de Froment, Conseiller d’État, ancien député et Président du Conseil départemental de la Creuse en a assuré la rédaction.


Le livre est sorti avant les élections départementales et a connu un grand succès, notamment car de nombreux candidats ont souhaité l’acquérir.


Ce Journal a maintenant plus de deux ans. A-t-il trouvé rapidement sa place ?


Oui, et de façon surprenante.


En fait, il n’existait pas de presse vraiment dédiée aux départements.


Il existe des journaux de très bonne qualité comme La gazette des communes, plus dédiés aux mairies, mais il manquait clairement un journal s’adressant spécifiquement aux Départements.


Nous rencontrons toutes les semaines des élus et des administratifs de ce niveau de collectivité qui nous fournissent des informations.


Parfois même, ils nous glissent quelques échos en espérant que nous écriront ce qu’ils n’osent pas eux-mêmes toujours assumer.


Nous constatons la force de l’indépendance.


Evidemment, en contrepartie, nous subissons quelques remarques lorsque nous mettons en couverture François Hollande ou Gérard Larcher.


De camps différents ! Sans rechercher cela, nous y voyons comme un hommage à notre impartialité.


De même, nous n’hésitons pas à dénoncer ce que j’appellerai les effets d’annonce de l’Etat qui sont souvent des annonces sans effets !


Il y a trop souvent une condescendance, voire un certain mépris de la part de ministres ou de hauts fonctionnaires qui n’acceptent pas, en réalité, la décentralisation et qui voudraient que les Départements appliquent les décisions qu’ils prennent.


Il faut veiller à se faire respecter.


De même, nous défendons l’institution départementale.


Certains beaux esprits dans les salons parisiens voudraient supprimer l’échelon départemental.

Il semblerait « ringard » un peu dépassé et ils aiment à se moquer des cantons ou de ces élus départementaux.


L’ancienneté de l’institution départementale ne représente pas, à nos yeux, un défaut, mais au contraire une force, celle de l’expérience.


Les Départements bénéficient de la reconnaissance des habitants.


Souvenez-vous du tollé lorsqu’on a voulu supprimer les numéros de départements sur les plaques d’immatriculation.


En milieu rural, le conseiller départemental est connu et reconnu.


Beaucoup plus que le conseiller régional dont chacun cherche désespérément le nom.


Bien sûr, cette réalité ne s’applique pas en milieu urbain et il faut évidemment faire évoluer nos institutions.


Mais l’organisation actuelle semble difficile à transformer surtout dans un contexte de majorité relative.


Il nous semble important de simplifier le système et de confier réellement les compétences sans conserver de la part de l’Etat une présence inutile et redondante.


Il y a là des gisements d’efficacité et d’économie.


Malheureusement, la réalité montre, au contraire, une situation inverse !



Quel est votre lectorat ?


Quelques chiffres simples : 5 000 exemplaires papiers diffusés aux Présidents, Directeurs Généraux des Services, Directeurs de cabinet et Directeurs de la communication de tous les départements, les parlementaires, ministères et personnalités.



Et puis la diffusion numérique avec un envoi à 97 000 exemplaires destinés aux services, à des abonnés…


Quelles sont vos principales rubriques ?


Quelques tribunes libres de la part d’élus ou administratifs, mais surtout l’actualité dans tous les domaines de compétences des Départements : mobilité, collèges, aménagement du territoire, tourisme, sport, culture, mobilité, routes, communication, finances, juridique, numérique…


Et nous abordons aussi trois domaines qui préoccupent directement les départements comme l’attractivité territoriale, l’environnement et la santé avec les problèmes de démographie médicale.


Plusieurs pages relatent les évolutions professionnelles avec les nominations importantes dans chaque département.


Connaissez-vous les attentes de vos lecteurs ?


Oui, nous participons à plusieurs événements dans l’année comme le Salon des Maires ou les assises des Départements.


A chaque fois nous sommes partenaires et nous accueillons beaucoup de lecteurs sur notre stand.


L’occasion d’évoquer les différentes rubriques et le contenu de notre journal.


La gratuité permet une diffusion très large et touche l’ensemble des élus et tous les niveaux des administrations départementales.


A chaque fois, nous entendons la même remarque :


« Merci de nous parler d’innovations originales et intéressantes qui se développent dans d’autres départements. »


Ils recherchent des trucs qui marchent ailleurs, des initiatives intéressantes, des méthodes en phase avec la réalité.


En sortant de l’autosatisfaction. Il y avait clairement un besoin auquel nous répondons.


Comment le Journal des Départements se finance ?


Sujet important évidemment !


Même si les rémunérations restent très raisonnables, il faut trouver chaque mois de quoi financer l’écriture, l’édition, l’impression, l’envoi du journal.


Nous voulons demeurer indépendants et gratuits, donc nous travaillons avec des annonceurs qui souhaitent s’adresser en priorité aux départements.


Nous avons aussi chaque mois un dossier spécial spécifique sur un département qui nous aide à financer le numéro.


Mais il nous faut encore développer cette démarche, car nous répondons simplement à la demande, sans chercher à trouver d’autres soutiens ou partenariats.


Le Journal des Départements est-il impliqué dans d’autres projets ?


De très nombreux projets.


Tout d’abord, nous sommes associés à la démarche Job public qui permet de valoriser la collectivité pour le recrutement de ses agents.


Cela part d’un triple constat : les métiers du public sont méconnus dans leur contenu et leur diversité, la collectivité et son fonctionnement paraissent incompréhensible pour de nombreux postulants notamment du privé, enfin le secteur géographique doit être valorisé pour attirer.


D’où une démarche de marque employeur avec des vidéos des formules pour pousser les offres d’emploi.


Il s’agit d’un problème déjà important et qui va devenir crucial dans les années à venir.


Puis des journées de réflexions thématiques.


Cette année nous avons organisé une journée sur les transitions écologiques, climatiques, de mobilité et d’aménagement.


Cela, en partenariat avec le Conseil départemental du Rhône et dans ses superbes locaux à Lyon.


Succès important avec des tables rondes passionnantes.


D’autres manifestations de ce type sont déjà prévues pour 2024.


Et puis les D d’Or, remise de trophées à 18 départements pour une réalisation exemplaire.


3 prix littéraires : livre parlant des départements, ouvrage écrit par un agent ou un élu et une catégorie « Beaux livres ».


Un D d’Or du public pour le département qui aura obtenu le plus de votes.


Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont déjà voté.


Enfin un concours photos qui s’est déroulé durant l’été 2023.


Après le Château de Chambord avec le soutien du Département de Loir-et-Cher l’année dernière, nous nous retrouverons le 14 septembre prochain au Futuroscope avec le soutien du Département de la Vienne.



Quel avenir pour Le Journal des Départements ?


D’abord confirmer cette réussite, accroître la diffusion, organiser la partie régie publicitaire, continuer à développer les manifestations que nous organisons.


Puis, de nombreux projets pour mettre en avant les élus et les collectivités.


Car nous n’oublions pas notre vocation de défense de la décentralisation.


Et je voudrais profiter de cette interview pour remercier tous les Présidents, élus et administratifs dont le soutien est essentiel.

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